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Des clés pour comprendre vos émotions

C’est toujours lorsque nous refusons de lâcher prise sur quelque chose qui est hors de notre contrôle que nous nous sentons impuissants. Pourtant, travailler à « lâcher prise », c’est aussi « agir ». Si le combat contre cette maladie semble parfois invisible, c’est parce que beaucoup de choses se jouent dans le mental.

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Qu’est-ce qui se passe dans ma tête ?

Lâcher prise, c’est cesser de croire que l’on peut attraper quelque chose qui en grande partie nous échappe, comme de l’eau avec une passoire. Savoir distinguer ce qui est en notre pouvoir de ce qui sort de notre champ d’action peut constituer un acte bien plus puissant que de continuer à s’agripper à une « chimère ».

Vous faites déjà beaucoup : tout ce qui est en votre pouvoir, depuis l’annonce, pour mettre toutes les chances de votre côté. Vous vous rendez d’un examen à un autre et il n’est pas rare que le traitement soit synonyme d’un important investissement, physique et psychologique.

L’illusion de contrôle, comment ça marche ?

C’est un mécanisme bien connu en psychologie depuis les recherches de la psychologue Ellen Langer dans les années 90. Il s’agit de la tendance que nous avons tous naturellement à surestimer notre influence sur les événements. Par exemple, il vous est peut-être déjà arrivé, un jour où vous étiez pressé, d’appuyer plusieurs fois frénétiquement sur le bouton d’appel d’un ascenseur, comme pour le faire arriver plus vite. Vous savez bien au fond de vous que cela ne changera rien, et pourtant vous le faites quand même : c’est précisément de l’illusion de contrôle. Un geste, une action qui va dans le sens de ce que vous désirez, mais qui n’aura aucune autre incidence sur votre vie que de vous coûter de l’énergie. Or, de l’énergie vous en aurez peut-être besoin pour vous soigner.

A citation icon

Parfois nous sommes impuissants, car certaines choses ne dépendent pas de nous(1)

Frédéric Lenoir

Prenez les commandes avec les soins de support !

Les soignants qui vous entourent doivent désormais envisager votre parcours d’une façon « intégrative », c’est-à-dire qui réunira plusieurs disciplines pour trouver des solutions aux problèmes que vous rencontrez sur votre parcours de soins.

Par exemple, si vous avez des nausées induites par les cures de chimiothérapie, plusieurs pistes s’offrent à vous pour vous soulager et vous remettre aux commandes de votre vie. Cela peut être un traitement ou de l’acupuncture (2). Chez certaines personnes, c’est la sophrologie qui fonctionne, chez d’autres, l’hypnose (3). Il est important de tester chacune des solutions pour évaluer celle qui sera la plus efficace, en commençant par signaler vos problèmes aux soignants.

C’est précisément sur ce point que vous pouvez redevenir acteur de votre vie tout en améliorant sa qualité. En récupérant les commandes là où vous pouvez le faire et en alimentant ce cercle vertueux, au lieu d’un cercle vicieux qui consiste à subir les choses, en ayant le sentiment de ne rien pouvoir faire ou de ne rien choisir.

Est-ce que je peux agir sur ma maladie ?

Face au chamboulement provoqué par l’annonce, votre vie vous semble peut-être avoir complètement changé. Vous avez depuis le sentiment qu’il y a eu une très forte « rupture » dans vos projets. Et c’est vrai, quelque chose de très important en vous est en train de changer fondamentalement : votre système de croyances. « Agir », ou « être acteur » ne signifie plus la même chose pour vous aujourd’hui. Et la bonne nouvelle, c’est que ce changement s’accompagne d’une augmentation de votre lucidité sur le monde qui vous entoure.

En effet, si beaucoup de choses semblent nous échapper, c’est pour la simple raison que nous les contrôlons très peu. Bien que notre cerveau nous trompe largement à ce sujet, en nous donnant l’illusion que nous disposons d’une prise très forte sur le monde extérieur. Au fond, c’est aussi faux après l’annonce que cela l’était avant, pour vous comme pour tout le monde.

Mais l’annonce a apporté plusieurs différences dans votre manière de regarder le monde :

  1. Vous êtes plus lucide que les autres à ce sujet. Il faut souvent être passé par là où vous êtes passé pour comprendre que notre contrôle sur le monde extérieur est très limité.

  2. Plus vous acceptez cette idée et plus vous comprenez à quel point, en revanche, il est possible de commencer à investir une autre sorte de contrôle, qui lui n’est pas vain : le contrôle de vous-même, de vos pensées, de vos croyances et de vos émotions.

Prendre conscience de ces réalités vous aidera à porter votre attention sur les changements « intérieurs » plutôt qu’« extérieurs ». Plus vous travaillerez sur votre vision du monde, plus vous vous sentirez progresser et constaterez peu à peu des changements aussi sur le monde extérieur.

De plus, il existe de nombreuses pistes de solutions concernant l’amélioration de votre qualité de vie, qui sont très certainement à votre portée. On appelle ces solutions les « soins de support ».

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Le témoignage du psychologue

« Un jour, Marie, 56 ans, demande à me rencontrer lors de sa première cure. Lorsque je la vois, je suis face à une femme pleine d’énergie, indépendante et déterminée à se battre contre la maladie. Sa couleur préférée semble être le violet, car ses vêtements, ses lunettes et même ses cheveux sont de cette couleur.

Tout se passe bien pendant les premières consultations. Puis je remarque, comme tous mes collègues soignants, que Marie semble chuter au niveau de son moral. Nous n’avions pas remarqué que Marie ne teignait plus ses cheveux. Et c’est en lui posant la question : " Pourquoi vos cheveux ne sont plus violets ? " qu’elle me répond : " On m’a dit que c’était incompatible avec les cures de chimiothérapie ". J’en informe aussitôt l’équipe, qui finit par l’orienter vers des produits naturels tout à fait compatibles avec les cures. Une semaine plus tard, nous voyons tous Marie arriver dans le service avec un sourire jusqu’aux oreilles… et ses cheveux violets ».

Vous voyez, les solutions sont souvent très simples à trouver pour aller mieux. Il est donc tout à fait indiqué de communiquer vos préoccupations à l’équipe soignante, même si elles vous semblent déplacées ou insignifiantes, car elles seront prises au sérieux. Pour vous soigner, il faut donc prendre soin de votre moral, c’est un point très important. La réponse est donc un grand OUI : vous pouvez largement agir sur votre maladie, en vous appliquant à agir aux bons endroits.

Des idées pour aller mieux​

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Apprenez à distinguer ce que vous pouvez contrôler

Épictète le savait : « Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, ce sont les jugements qu’ils portent sur les choses ». Il s’agit ici de concentrer son énergie sur ce que l’on contrôle, c’est-à-dire nos pensées, plutôt que les événements qui nous échappent. Ainsi lorsqu’un événement contrariant se produit, posez-vous simplement cette question : « Est-ce que je peux y faire quelque chose ? ». Cela vous évitera de dépenser de précieuses ressources qui pourront vous servir sur les choses que vous pouvez réellement contrôler !

Maintenez votre routine (4)

Le cancer et ses traitements bouleversent votre quotidien. Tentez de maintenir vos habitudes autant que possible : continuez à vous lever, à faire vos courses, à cuisiner ou vous promener comme vous le faisiez avant. Cela vous permet de conserver une part de contrôle sur le déroulement de vos journées. Privilégiez les « petites choses », celles que vous vous sentez capable de faire. Ce qui compte c’est d’aller au bout de vos intentions.

Nommez une personne de confiance

Elle pourra s’occuper de demander de l’aide quand vous en aurez besoin et d’organiser cette aide pour vous. Cette personne de confiance pourra dresser des tableaux ou des listes en attribuant à chacun des tâches précises. Et si vous êtes seul, votre équipe soignante peut vous orienter vers des groupes d’entraide.

Osez les questions (5)

Lorsque vous ne comprenez pas ce que disent les membres de votre équipe soignante ou désirez avoir plus d’informations, dites-le ! Avec un accord préalable, vous pouvez même réaliser un enregistrement audio des rencontres importantes avec votre équipe soignante, de manière à ne rien oublier. Tous les smartphones disposent d’une fonction d’enregistrement vocal.

Musclez vos connaissances sur la maladie

Le sentiment d’impuissance face à la maladie est souvent lié à l’incertitude et au manque de connaissances. Il peut vous être bénéfique de participer à des groupes de soutien et d’information afin de trouver les bonnes informations et corriger les fausses perceptions, préjugés ou inquiétudes non fondées que vous pourriez entretenir sur la maladie. Vous pouvez également vous appuyer sur le programme SOR (6) SAVOIR PATIENT disponible sur le site de l’Institut National du Cancer (www.e-cancer.fr)

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Lire aussi

(1) Frédéric LENOIR, « L’Âme du monde » - Édition illustrée (2013), p. 159

(2) AFSOS, « Nausées - Vomissements - Chimio - Induits » (Décembre 2017), p. 10

(3) AFSOS, « Hypnose thérapeutique et cancer » (Février 2018), p. 12

(4) LA LIGUE CONTRE LE CANCER, « Cancer et souffrance psychique - Le cancer touche la personne dans sa totalité » (2017), p. 13

(5) LA LIGUE CONTRE LE CANCER, « Vivre pendant et après un cancer » (2007,) p. 39

(6) SOR : Standards, Options et Recommandations pour le Savoir des Patients

(7) LA LIGUE CONTRE LE CANCER, « Vivre pendant et après un cancer » (2007,) p. 14

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Mise à jour le 25/10/2023 09:25:38